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25 août 2017

GLOSSAIRE DE MÉSOLOGIE

par Augustin Berque

GLOSSAIRE (glo-sè-re) n. m. (du grec glôssa, langue). Dictionnaire expliquant les mots vieillis ou peu connus d’une langue : Du Cange a laissé un précieux glossaire de la basse latinité [extrait du Petit Larousse, 1ère éd., 1906].
                  Ci-dessous, l’astérisque * renvoie à un terme défini dans le présent glossaire, lequel ne recense de chaque terme que les acceptions propres à la mésologie.              

ABSTRACTION n. f. Opération de rendre abstrait* : l’abstraction du POMC*, transformant les choses* en objets*, les a rendues propices au fétichisme*.
ABSTRAIT adj. Détaché de son milieu* : la géométrie est abstraite, l’architecture qui jusque-là était concrète* se l’est donnée pour guide avec le mouvement moderne*.
ACHORIE n. f. Syn. de TOM* ; manque de chôra* : l’achorie est l’état qu’entraîne la forclusion* du corps médial*.
ACOSMIE n. f. Manque de cosmicité*, résultant de la décosmisation* provoquée par le POMC* : en architecture et en urbanisme, l’acosmie se manifeste par l’espace foutoir* et le tue-paysage*.
ALLER-AVEC n. m. Syn. de concrescence*.
APPAREIL n. m. Ensemble stable d’en-tant-que*, disposant à considérer comme « la » réalité une certaine réalité*. Apparenté à dispositivo chez Agamben, dispositif chez Foucault, Produktionsverhältnisse chez Marx, Welt chez Heidegger, et sesetsu 施設 chez Yamauchi : l’Appareil appareille (≈ die Welt weltet, ≈ le dispositif dispose).
ARCHITECTURE n. f. Technosymbole de l’habiter humain ; géogramme* par excellence de l’écoumène*.
ARCHITECTUROLOGIE n. f. Propos sur l’architecture* : l’architecturologie de Philippe Boudon est analogue à une mésologie*.
ARGENT n. m. Prédicat* (P*) en tant que* quoi une chose* existe* sur le marché ; dans le capitalisme*, prédicat universel en tant que quoi tout (S*) existe dans le monde ; spécialement dans le capitalisme financier qui, par un bond mystique*, absolutise ce prédicat, tautologiquement mais avec plus-value : l’argent, c’est toujours plus d’argent. V. Phynance.
ARRÊT SUR OBJET n. m. Effet du POMC* sur la réalité*, arrêtant la trajection* et transformant les choses* en objets* : figeant leur mouvance*, l’arrêt sur objet fétichise* les choses*.
BASSE MODERNITÉ n. f. Par analogie avec le Bas Empire, période finale de l’instanciation du POMC*, marquée par l’espace foutoir*, le métabasisme* et l’apogée de la phynance*, avant le dépassement de ce paradigme, issu du principe du mont Horeb*, par un paradigme réembrayant l’existence* humaine à la Terre*.  V. Recouvrance.
BIAFFIRMATION (ou BIASSERTION) n. f. À la fois A et non-A. Correspond au syllemme*, i.e. au quart* lemme* dans le tétralemme*
BINÉGATION n. f. Ni A ni non-A. Correspond au tiers* lemme* dans le tétralemme*.
BIOSPHÈRE n. f. Ensemble des milieux* vivants. Relation de la vie à la planète Terre : l’évolution a déployé la planète* en biosphère, et la biosphère en écoumène*.
BOND MYSTIQUE n. m. Absolutisation de ce qui – soit S* soit P* – devrait n’être que relatif (S/P*) : la religion* absolutise P, et inversement, le scientisme* absolutise S, accomplissant en énantiomère (en miroir) un même bond mystique.
CALAGE TRAJECTIF n. m. Hypostase (substantialisation) de S/P* en S’ dans la chaîne* trajective. Apparenté à eji 依止 chez Yamauchi.
CAPITALISME n. m. Accaparement, par le TOM*, des services rendus par le corps médial* qu’il a forclos* en externalités.
CHAÎNE TRAJECTIVE n. f. Suite de trajections, hypostasiant (substantialisant) progressivement S/P* (donc hypostasiant du même mouvement P) en S’, S’/P’ en S’’, S’’/P’’ en S’’’, et ainsi de suite. Se représente par la formule (((S/P)/S’)/S’’)/S’’’… etc. : les chaînes trajectives sont analogues aux chaînes sémiologiques chez Barthes et à la sémiose chez Peirce.
CÉZANNE Peintre français. V. Principe de Cézanne.
CHÔRA/TOPOS (mots grecs χώρα et τόπος) Versant phénoménal/versant physique d’un lieu* ou d’un milieu*. La chôra (au sens platonicien) est ontologiquement indissociable de l’existence* des choses*, tandis que le topos (au sens aristotélicien) en est dissociable : les rapports chôra/topos et chose/objet en mésologie correspondent au rapport Ort/Stelle chez Heidegger.
CHORÉSIE n. f. Déploiement d’un milieu*, faisant ek-sister* les choses* à partir de l’en-soi des objets*. Apparenté à la Räumung (spaciation) chez Heidegger.
CHORÉTIQUE adj. Relatif à la chorésie* ou à la chôra*.
CHOSE n. f. Ce qui constitue la réalité*, i. e. une instance de S/P*.
COGITO n. m. abrégeant la proposition cartésienne cogito, ergo sum (je pense, donc je suis), version humaine du principe du mont Horeb*, où l’individu moderne, trajectant* lui-même son être, se pose en un sujet*-prédicat* de soi-même transcendant son milieu* : le cogito a rendu possible le TOM*.
COMPOSITION URBAINE n. f. Harmonie co-suscitative* des formes de la ville, ménageant* sa cosmicité* : le principe du mont Horeb*, déchaîné dans le mouvement* moderne,  a fait table rase de la composition urbaine, et l’a remplacée par l’espace foutoir*.
CONCRESCENCE n. f. (du latin cum crescere, croître ensemble)*. Dynamique de la concrétude : la concrescence est la co-suscitation* mésologique* et historique* des êtres, des lieux* et des choses*. Ant. Abstraction.
CONCRET (du latin concretum, supin de cum crescere, croître ensemble) adj. Qualifie ce qui n’est pas abstrait de son milieu* : pour la mésologie, les choses* sont concrètes, les objets* sont abstraits. 
CONCRÉTUDE n. f. Qualité de ce qui est concret*.  V. Concrescence.
CONTINGENCE n. f. Entre le hasard* (n’importe quoi n’importe quand n’importe où) et la nécessité* (toujours et partout la même chose), c’est le propre de la réalité*, qui pourrait toujours être autre qu’elle n’est, mais qui est ce qu’elle est en fonction d’une certaine histoire* et d’un certain milieu* : la contingence est la condition de la créativité dans l’évolution du vivant et a fortiori dans l’histoire humaine.
CONTINGENT adj. Relevant de la contingence* : entre hasard* et nécessité*, l’évolution est contingente.
CORPS ANIMAL n. m. S’emploie au sens de Leroi-Gourhan, i.e. la délimitation physique de l’être individuel dans son topos*, abstrait de son corps médial* : les fonctions du corps animal se sont extériorisées et déployées dans les systèmes techniques et les systèmes symboliques propres à l’humanité.
CORPS MÉDIAL n. m. Syn. de milieu*. Correspond au corps social* chez Leroi-Gourhan, mais il y ajoute les écosystèmes : le corps médial est éco-techno-symbolique.
CORPS SOCIAL n. m. Chez Leroi-Gourhan, les systèmes techno-symboliques déployés à partir du corps animal*.
COSMICITÉ n. f. État du kosmos* platonicien, qui est  μέγιστος καὶ ἄριστος κάλλιστός τε καὶ τελεώτατος (très grand, très bon, très beau et très achevé) en vertu du principe d’Uexküll*, i. e. l’adéquation réciproque de l’être* et de son milieu* ; état de chose où, pour cet être, tout est donc ordre et beauté, luxe, calme et volupté (Baudelaire).
COSMISATION n. f. Déploiement du corps animal* en corps médial* : dans l’écoumène*, à la cosmisation du corps par la technique répond la somatisation* du monde par le symbole.
COSMOPHANIE n. f. L’apparaître d’un milieu* : le paysage* est une forme historique de la cosmophanie, advenue au IVe siècle en Chine et à la Renaissance en Europe.
COSMOS n. m. V. Kosmos.
CO-SUSCITATION n. f. (traduction du chinois yuanqi 縁起) Syn. de concrescence* : relevant de la ternarité*, la co-suscitation des choses* est plus complexe que la causalité mécanique* des objets*.
CO-SUSCITATIF, -VE adj. Relevant de la co-suscitation.
CROÎTRE-ENSEMBLE n. m. Syn. de concrescence*.
DÉCOSMISATION n. f.  Perte des repères qui faisaient aller ensemble les êtres* et les choses* d’un milieu*. Perte de cosmicité*. Apparenté à l’Entweltlichung (démondanisation) chez Heidegger.
DEMEURE HUMAINE n. f. Syn. d’écoumène* : recouvrer la demeure humaine exige de dépasser le POMC*. V. Recouvrance.
DÉVOILEMENT n. m. V. Voilement.
DUALISME n. m. Abstraction du cogito* hors de son corps médial*, réduisant les choses* en objets* : le dualisme a entraîné le mécanicisme* et le matérialisme.
ÉCHELLE n. f. À la différence de la proportion géométrique, qui est abstraite, rapport de taille concret* entre les êtres* et les choses*, relevant de la ternarité* : la carte à l’échelle du 1 : 25 000 n’est pas le territoire, parce qu’on peut vivre sur le territoire* (S*), mais pas sur la carte (P*). L’architecturologie* de Boudon a distingué l’échelle de la proportion : en géométrie, affaire de proportion, on peut augmenter ad libitum la longueur d’un rectangle sans changer sa largeur, mais en architecture*, affaire d’échelle, quand on double la longueur d’une poutre, il faut plus que doubler son épaisseur, sinon elle casse.
ÉCOLOGIE n. f. Science de l’environnement*.
ÉCOUMÈNE n. f. (du grec ἡ οἰκουμένη, l’habitée) La demeure humaine*, ensemble des milieux* humains. Relation éco-techno-symbolique de l’humanité avec la Terre. NB : 1. le genre féminin distingue cette acception mésologique de l’acception géographique traditionnelle d’écoumène (n. m.), i.e. la partie habitée de la Terre, renjing 人境 en chinois classique (opposé à xianjing  仙境, l’érème*) ; 2. l’écoumène (n. f.) ne se limite pas au topos* de la planète Sol III : c’est la chôra* comprenant tout ce qui existe* pour l’humanité.
EK-SISTENCE (EXISTENCE) n. f. Le fait d’ek-sister* (exister), de par une certaine trajection* : le Streit (litige), i. e.  le rapport Erde/Welt (Terre*/monde*) dans L’Origine de l’œuvre d’art, est une métaphore de l’ek-sistence des choses*.
EK-SISTER (EXISTER) v. i. Pour tout être* et toute chose*, sortir de la gangue de l’identité* à soi, i.e. de l’en-soi objectal*, pour se déployer selon un certain en-tant-que*. Syn. de trajecter*.
EMPREINTE-MATRICE n. f. Trajectivité* du milieu* par rapport aux êtres et aux choses*. Chez Platon (dans le Timée), qualifie métaphoriquement la relation entre chôra* (le milieu*) et genesis (l’être* relatif), relation que par ailleurs le rationalisme platonicien exclut comme « troisième et autre genre » (τρίτον ἄλλο γένος) – autre que l’identité* et l’altérité, l’être en soi et l’être relatif –, insaisissable sinon « par un raisonnement bâtard » (λογισμῷ τινι νόθῳ), « difficile à croire » (μόγις πιστόν), et que « l’on rêve en le voyant » (ὀνειροπολοῦμεν βλέποντες) : l’empreinte-matrice est une prémonition de la médiance*, forclose* par le principe du tiers* exclu.
EN TANT QUE conj. de subordination,  EN-TANT-QUE n. m. invar. Opération qui fait ek-sister* l’être* en soi en tant que quelque chose, hors de la gangue de son identité*. Syn. : en-tant-que mésologique, en-tant-que écouménal. Apparenté au soku chez Yamauchi. Correspond au Ton (ton, tonalité) chez Uexküll (p.ex. comme dans Esston, en tant qu’aliment, Hinderniston, en tant qu’obstacle, etc.), au als du etwas als etwas (quelque chose en tant que quelque chose) chez Heidegger, au  men (« porte » ouvrant à une certaine réalité*, et détournant du Sens Vainqueur sheng yi 勝義) chez Xuan Zang, etc. C’est en somme l’interprétation contingente* de S* en tant qu’un certain P*, selon l’interprète I* dans la ternarité* S-I-P*, l’histoire* et le milieu* : l’invétération d’un certain ensemble d’en-tant-que produit un appareil*.
ENVIRONNEMENT n. m. Objet de la science écologique. Réduction du milieu* à une collection d’objets* sous le regard de nulle part du POMC*. Correspond à l’Umgebung (le donné environnemental brut) chez Uexküll, et au shizen kankyô 自然環境 (l’environnement naturel) chez Watsuji, respectivement distingués de l’Umwelt (milieu, monde ambiant) et du fûdo 風土 (milieu).
ÉRÈME (du grec ἔρημος, désert) n. m. Partie inhabitée de la Terre*, opposée à écoumène* au sens géographique traditionnel. Syn. de wilderness en anglais et de xianjing  仙境 en chinois classique : l’érémitisme de l’ermite consiste à fuir le monde* pour aller s’installer dans l’érème.
ESPACE FOUTOIR n. m. Traduction de junk space (Koolhaas) : la décosmisation* moderne engendre l’espace foutoir.
ETQ (eu-té-ku) Abrév. d’en-tant-que*.
ÊTRE v. i. et n. m. L’être, ou une instance de l’être, est à la fois S* et S/P*, essence et existence* : être et existence* sont confondus dans sonzai 存在 , qui relève donc du quart lemme*.
ÊTRE-VERS-LA-MORT n. m. Ontologie propre à l’individualisme* du TOM*. V. Être-vers-la-vie.
ÊTRE-VERS-LA-VIE n. m. Traduction du concept de sei e no sonzai 生への存在, que Watsuji opposa au Sein zum Tode (être-vers-la-mort) heideggérien pour signifier que l’existence* humaine, qui est nécessairement sociale et médiale*, ne s’arrête pas à la mort du corps individuel : l’être-vers-la-vie du corps médial* transcende la mort du corps animal*.  
ÉVOLUTION n. f. Histoire* à l’échelle* temporelle et au niveau ontologique de la biosphère* : l’évolution va dans un certain sens* qui relève de la contingence* des milieux* concrets*, selon le principe de Machado* ; car compte tenu des possibilités de combinaisons protéiques (1O130), si elle ne relevait que du hasard* (les mutations) et de la nécessité* (la mécanique* statistique de la sélection naturelle) dans le seul environnement*, il y faudrait immensément plus de temps que l’âge de l’Univers depuis le Big Bang.
EXISTENCE n. f. V. Ek-sistence.
EXISTER n. f. V. Ek-sister.
FCM Abrév. de Forclusion* du corps médial.
FÉTICHE n. m. Objet* abstrait* de son milieu, et fictivement paré en lui-même d’une vertu qu’il tient en fait de sa médiance*.
FÉTICHISATION n. f.  Abstraction* de l’objet* hors de son milieu*.
FÉTICHISER v. t.  Transformer une chose* en objet*.
FÉTICHISME  n. m. Valorisation fictive de l’en-soi des objets*, leur conférant des vertus qu’ils tiennent en fait de leur médiance*, donc de l’existence* humaine : la phynance* est la forme ultime du fétichisme de l’argent*.
FTM Abrév. de Forclusion* du travail médial : la FTM s’apparente à l’empreinte écologique et aux externalités du capitalisme*.
FORCLORE (du latin foris, dehors, et claudere, fermer) v. t. littéralement syn. de lock out. Expulser hors de la conscience, et en fermer la porte : forclore la médiance* ne peut la supprimer, car c’est le moment structurel* de l’existence* humaine, mais risque au contraire, à terme, de supprimer celle-ci de la surface de la Terre*.
FORCLUSION n. f. Action de forclore* : le dualisme* du POMC entraîne la forclusion du corps médial* et la forclusion du travail médial*, i.e. la non-prise en compte du coût de notre genre de vie pour les écosystèmes et pour la société.
FOUTOIR n. m. V. Espace foutoir.
GÉOGRAMME n. m. Syn. de motif écouménal* : les clochers sont un géogramme des campagnes européennes.
HASARD n. m. Pour le scientisme*, tout ce qui n’a pas encore été réduit à la nécessité* mécanique*. V. contingence*, nécessité*. Advenue de n’importe quoi n’importe quand n’importe où, ce qui n’est jamais le cas dans un milieu* concret* : pour le néo-darwinisme, les mutations relèvent du hasard, et la sélection naturelle de la nécessité.
HISTOIRE n. f. Déroulement temporel de la réalité* en chaînes trajectives : l’histoire donne sens* au milieu*, et le milieu donne chair à l’histoire.
HISTORIQUE adj. Propre à l’histoire*.
HISTORIQUEMENT adv. Selon la contingence* et la concrescence* de l’histoire : les genres de vie se déploient historiquement, ils sont conditionnés mais non déterminés par l’environnement naturel. Ant. nécessairement*, par hasard*.
HISTORICITÉ n. f. Homologue temporel de ce qu’est spatialement la médiance*.
HOREB Oronyme situé au Sinaï. V. Principe du mont Horeb.
HYPOSTASE n. f. Syn. de substantialisation : dans les chaînes trajectives* de la réalité*, il y a indéfiniment hypostase de S/P* en S’, de S’/P’ en S’’, et ainsi de suite, mais S ne peut jamais être atteint qu’en tant que* P*, i.e. S/P.
I représente l’interprète dans la ternarité* S-I-P*.
IDENTITÉ n. f.  1. Le fait d’être pareil à autre chose*. Ant. Altérité. 2. Le fait d’être pareil à soi-même. Syn. d’en-soi : l’identité du sujet* relève de lgS*, l’identité du prédicat* relève de lgP*.
IDENTITÉ DU PRÉDICAT n. f. Principe de ce que Nishida nomma « logique du lieu » (basho no ronri 場所の論理) ou « logique du prédicat » (jutsugo no ronri 述語の論理), comme de ce qu’Arieti nomma « prélogique » après l’avoir observé chez certains  schizophrènes, et où l’identité des prédicats* respectifs de la prémisse mineure et de la majeure entraîne l’identification de leurs sujets* respectifs. C’est notamment le principe du mimétisme, très répandu dans les milieux vivants, et devenu le pilier de la société de consommation car il est systématiquement utilisé en mercatique ; tel ce paralogisme publicitaire : 1. Natalie Portman porte Coco Crush [joaillerie Chanel] ; 2. Or je porte Coco Crush [après l’avoir acheté, of course]  ; 3. Donc, je suis Natalie Portman. 
IDENTITÉ DU SUJET n. f. Principe du syllogisme aristotélicien, où le sujet* de la prémisse mineure étant compris dans celui de la majeure, ils ont le même prédicat* : 1. Tous les hommes sont mortels ; 2. Or Socrate est un homme ; 3. Donc, Socrate est mortel. Comme le remarqua John Stuart Mill, ce modèle apparent du rationalisme est absurde, car du point de vue strictement logique, il faut déjà connaître 3 pour poser 1.  En réalité*, ce syllogisme n’a de sens que dans un milieu* concret*, où le logos (i.e. lgS*) ne peut s’affranchir de l’expérience et du sentiment, donc de lgP*.
INDIVIDUALISME n. m. Instanciation du cogito* ; manifestation comportementale du TOM* : lointainement issu du principe du mont Horeb, puis du christianisme et plus directement du cogito, l’individualisme a pris chair en Europe au XVIIIe siècle.
INDIVIDUALISME MÉTHODOLOGIQUE n. m. Issu du nominalisme médiéval, pose que les entités collectives ne sont qu’une somme d’entités individuelles : Margaret Thatcher, en digne descendante d’Occam et de Spencer, a posé que « There is no such thing as society. There are men and women, and there are families », point barre.
KOSMOS (transcrit le grec κὀσμος) n. m. Bon ordre ; monde* ; ménage* du corps, de la maison, de la cité ; personne assurant ce ménage : instance du kosmos, la cosmétique est le ménage du corps.
LEMME n. m. (du grec λαμβάνω, prendre) 1. L’une des quatre propositions du tétralemme* : Yamauchi oppose le lemme au logos, qui se borne au deux premiers lemmes du tétralemme en excluant le tiers* et le quart* lemmes. 2. En mésologie*, syn. de prise* : impliquant le syllemme*, les prises écouménales sont logiquement des lemmes relevant du tétralemme.
LEMMIQUE adj. et n. f. 1. Relatif au lemme*.  2. Syn. de méso-logique*.
LgP (el-jé-pé) : abrév. de « logique de l’identité* du prédicat » : lgP, sous le nom de « sentiment »,  fut bannie par le rationalisme cartésien.
LgS (el-jé-ès) : abrév. de « logique de l’identité* du sujet » : lgS et lgP se combinent en réalité*.
LIEU n. m. Là où il y a quelque chose. On distinguera le lieu géométrique d’un objet*, défini abstraitement par ses coordonnées cartésiennes, du lieu mésologique* où se situe concrètement une chose*. Le premier correspond à la Stelle et le second à l’Ort chez Heidegger : un lieu concret*, à diverses échelles*, est toujours à la fois topos* et chôra*.
MACHADO Poète espagnol. V. Principe de Machado.
MANQUE-À-ÊTRE n. m. État résultant de la FCM* : le manque-à-être du TOM*, structurellement privé de son corps médial*, le pousse à consommer indéfiniment plus d’objets* pour se le réapproprier, toujours en vain puisque le corps médial n’est pas un objet (S*) mais une chose (S/P* ).
MATRICE n. f. V. Empreinte-matrice.
MÉCANICISME n. m. (auquel sens « mécanisme » prête à ambiguïté, et est donc déconseillé) Réduction de toute subjectité* au seul cogito* (ou à ses semblables), faisant de tout le reste – y compris les animaux – une mécanique* objectale* : reposant sur le hasard* des mutations et les lois statistiques de la sélection naturelle, où l’espèce est remplacée par la population, le néo-darwinisme illustre le mécanicisme et l’individualisme méthodologique* du POMC*.
MÉCANIQUE adj. et n. f. Analogue au fonctionnement d’un moteur à piston, dans l’itération objectale* du rapport cause → effet : le béhaviorisme réduit le vivant à une mécanique.
MÉDIAL adj. Propre à un milieu*.
MÉDIANCE n. f. Traduction du japonais fûdosei 風土性, que Watsuji a défini comme « le moment structurel de l’existence humaine » (ningen sonzai no kôzô keiki 人間存在の構造契機), i. e. le couplage dynamique de l’être* et de son milieu* ; correspond à ce qu’Uexküll appelait Gegengefüge (contre-assemblage), i.e. l’adéquation réciproque de l’animal (ou plus largement du vivant) et de son milieu.
MÉNAGE n. m. Entretien de la cosmicité* à une certaine échelle, de la maison à l’écoumène*, en passant par le territoire* : Olivier de Serres, dans Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs, préfigure la permaculture.
MÉNAGER v. t. Prendre soin des êtres* et des choses*, dans un souci de cosmicité* : Brunet a montré que le territoire* se ménage, il ne s’aménage pas (comme le prétend la technocratie dans l’appareil* du POMC*).
MÉNAGEMENT n. m. Action de ménager* (plus général que ménage*) : les principes du management moderne* ne sont pas un ménagement, mais une mécanisation de l’humain dans la forclusion* des externalités du capitalisme*, i. e. du corps* médial de toute entreprise.
MÉSOLOGIE n. f. Étude des milieux*, en particulier de l’écoumène*. Correspond à l’Umweltlehre d’Uexküll et au fûdoron 風土論 de Watsuji.
MÉSOLOGIQUE adj. Relatif à la mésologie*.
MÉSO-LOGIQUE n. f. Logique propre à l’histoire* et aux milieux*, combinant trajectivement* le principe de l’identité* du sujet* (lgS*), qui est celui de la base substantielle (S*) de la réalité*,  et le principe de l’assomption de S en tant que* P* (lgP*), les enchaînant en chaîne trajective*, i.e. en une suite d’assomptions de S en tant que P (S/P*) et d’hypostases de S/P en S’ par calage trajectif*.  
MÉTABASISME n. m. Idéologie postmoderne* du « on en a fini avec la base » (i. e. avec la nature*) : la « French theory » se caractérise par son métabasisme.
MILIEU n. m. Correspond à l’Umwelt chez Uexküll et au fûdo 風土 chez Watsuji ; syn. de corps médial*. Dans l’écoumène* en particulier, c’est l’ensemble de relations éco-techno-symboliques que, trajectivement*, l’humanité crée à partir d’elle-même et de la matière première qu’est l’environnement* : l’environnement fait l’objet de l’écologie*, le milieu celui de la mésologie*.
MODERNE adj. Engendré et caractérisé par le POMC* : le mouvement moderne en architecture, fondé sur le principe du mont Horeb*, a ravagé la composition urbaine* dans le monde entier.
MOMENT STRUCTUREL n. m. Couplage dynamique de deux choses*. V. Médiance.
MONDAIN adj. et n. m. Relatif à un certain monde* ; trajecté* par un certain ensemble d’en-tant-que* à partir de la Terre* : le rejet du mondain caractérise l’érémitisme.  
MONDANITÉ n. f. Le fait de relever d’un certain monde*.
MONDE n. m. Ensemble des en-tant-que* qui, pour un certain être* individuel ou collectif, font advenir la réalité* ; appareil* général : chez Nishida, le monde est assimilé au prédicat*, c’est un monde prédicatif (jutsugo sekai 述語世界).
MOTIF ÉCOUMÉNAL  n. m. Ensemble de choses* localisé, exprimé dans l’espace par une certaine forme, et dans le temps parce que ces choses motivent l’être* à réagir dans un certain sens* : les hauts lieux sont, par excellence, des motifs écouménaux.
MOTIVATION PAYSAGÈRE n. f. Médiation du paysage* dans les comportements : le tue-paysage*, sapant la motivation paysagère, est un facteur d’anomie.
MOUVANCE n. f. Caractérise l’ambivalence de la relation d’empreinte-matrice* : elle est à la fois active (la capacité qu’ont les êtres de se mouvoir, de changer et de changer les choses*, y laissant leur empreinte) et passive (au sens féodal : dépendance à l’égard d’un fief), i. e. leur appartenance à la matrice qu’est un certain milieu*. Apparenté à la Räumung (spaciation) heideggérienne et au qu (tension vers) du principe de Zong Bing* : la mouvance est à la fois la médiance* et la trajectivité* de l’existence*.
MOUVEMENT MODERNE n. m. En architecture* et en urbanisme, réduction des milieux* et de l’histoire* à la table rase d’un « espace universel » plaquant au sol l’espace absolu de Newton, homogène, isotrope, infini et mécaniquement itérable aux quatre coins de la planète : le style international en architecture, répétant sériellement la même géométrie abstraite*, a incarné sur terre l’u-topie (la négation des lieux) du POMC*.
NATURE n. f. C’est le S* fondamental, qui ne peut jamais être saisi qu’en tant que P*, trajectant* indéfiniment dans sa quasi-éternelle mouvance* : natura natura semper (la nature sera toujours à naître).
NÉCESSAIREMENT adv. Par nécessité* mécanique*.
NÉCESSITÉ n. f. Toujours et partout la même chose. V. contingence*, hasard* : le dualisme* mécaniste postule la nécessité dans le rapport de cause à effet, mais la réalité* des milieux* concrets*  relève de la contingence*.
NUCLÉAIRE adj. et n. m. Forme d’énergie indissociable de l’être-vers-la-mort* du TOM*, car supposant le rejet de ses nuisances sur plus de 10 000 générations. Après nous le déluge ! (Jeanne-Antoinette Poisson) : bafouant l’être-vers-la-vie*, le nucléaire est un crime contre l’humanité.
OBJECTAL adj. Abstrait* de sa médiance*, et putativement réduit à un pur objet* (l’en-soi de S*, au lieu de la réalité* S/P*).
OBJECTALITÉ n. f. Réduction dualiste des choses* (S/P*) à de purs objets* (S*) : l’objectalité est une fiction dualiste, car l’objectivité pousse à reconnaître la ternarité* des choses*.
OBJET n. m. Chose* (S/P*) fictivement abstraite de sa ternarité* : l’objet du physicien est le sujet du logicien (S*).
ONTOCOSMOLOGIE n. f. Appareil* disposant à voir l’être* et le monde* sous un certain jour : dans le Timée, Platon expose son ontocosmologie.
ONTO-LOGIQUE n. f. Correspondance de l’ontologie et de la logique. L’onto-logique aristotélicienne, d’où procède le POMC*, est axée sur S* : le sujet* en logique et la substance* en métaphysique. L’onto-logique nishidienne, qui procède du bouddhisme et du taoïsme, est axée sur P* : le prédicat* en logique, assimilé métaphysiquement au néant (mu ), d’où et l’être* et le sujet* procèdent du fait de la négation du néant par lui-même. Combinant l’une et l’autre, c’est-à-dire lgS* et lgP*, l’onto-logique de la mésologie* est une méso-logique* : elle pose en principe la nécessité de S*, qui fonde P*, mais aussi qu’on ne peut jamais atteindre, car en pratique, S n’est indéfiniment qu’une hypostase* historique* de P*, en chaîne trajective*.   
OUVRE-COUVRE n. f. (déverbal d’ouvrir et couvrir) Va-et-vient trajectif*, apparenté à l’Ent-fernung (déloignement, é-loignement) heideggérienne, à la fois ek-sistence* du corps vers le monde* (par la technique) et ek-sistence du monde vers le corps (par le symbole) : l’ouvre-couvre, simultanément, donne de la profondeur à notre monde et nous le rend présent. V. Cosmisation, somatisation.
Initiale correspondant à Prédicat* : dans le rapport S/P* (S en tant que P), P est en principe subordonné à S* par la conjonction de subordination en tant que*, mais en pratique, l’un ne va pas sans l’autre.
PAN n. m. Dieu grec. V. Principe de la grotte de Pan.
PAROLE n. f. Quintessence de P* ; par excellence, ce qui dit quelque chose (P) à propos de quelque chose (S*). V. Religion*.
PAYS n. m. Instance de la Terre*, localisée à une certaine échelle*.
PAYSAGE n. m. Genre de cosmophanie* apparu dans la classe de loisir (Veblen) au IVe siècle en Chine, à la Renaissance en Europe, et répandu depuis : le paysage ne se réduit ni à une simple projection subjective, ni à un simple objet* là-dehors, il est trajectif*.
PHYNANCE n. f. Absolutisation ubuesque de l’argent* (P*) en tant que* φύσις, i.e. la substance* absolue (S*) de toute réalité*, notamment de l’argent lui-même : dans l’intérêt phynancier, l’argent (P) est le sujet (S) de l’argent, et tel jadis Yahveh*, tel naguère le cogito*, il est sujet*-prédicat* de soi-même, grâce à sa technoscience* qui a hissé le Veau d’or (ēggel hazāhāv עֵגֶּל הַזָהָב) au sommet du mont Horeb*.
PLANÈTE n. f. En particulier « la » planète, i. e. Sol III. Dimension physico-chimique de la Terre*.
POMC (pé-o-ème-sé) Abrév. de « paradigme occidental moderne classique », appareil* caractérisé notamment par le renversement copernicien, le dualisme* et le mécanicisme* cartésiens, l’espace et le temps absolus de Newton, le matérialisme, le capitalisme*, l’individualisme* méthodologique issu du nominalisme médiéval, et l’individualisme ontologique induit par la subjectité* moderne*. A été ébranlé dès le XIXe siècle par les géométries non euclidiennes et le marxisme, au XXe par la phénoménologie, la cosmologie einsteinienne et la physique quantique, mais règne encore sur ce que l’on considère ordinairement comme la réalité*, i. e. la fiction d’un pur objet* (S* et non pas S/P*).
POSSIBILISME n. f. Théorie critiquant le déterminisme géographique, et caractérisant selon Lucien Febvre l’école française de géographie humaine, suivant laquelle un même environnement* peut historiquement* donner lieu à des genres de vie différents : le possibilisme de Vidal de la Blache préfigure la contingence* mésologique*.
POSTMODERNE n. m. et adj. Paroxysme de la décosmisation* moderne* qui a conduit dans les sciences sociales au métabasisme*, tandis qu’en architecture, le partout-la-même-chose du mouvement moderne* pérorait en n’importe-quoi-n’importe-où, i. e. en espace foutoir* : après la table rase du moderne, le postmoderne a donné le coup de pied de l’âne à la composition urbaine*.
PRÉDICAT n. m. Cela en tant que* quoi S* existe (ek-siste*), tel que saisi par les sens* et l’action (ce qui vaut pour tous les êtres vivants), la pensée (ce qui vaut pour les animaux supérieurs) et la parole* (ce qui est propre à l’humain seul), pour un être* individuel ou collectif.
PRÉDICATIF, -VE adj. Relevant du prédicat* : pour Nishida, le monde* est un néant prédicatif.
PRIME JAILLISSEMENT n. m. Traduit l’allemand Ursprung, habituellement rendu (et malentendu) par « origine » dans la traduction de Der Ursprung des Kunstwerkes par « L’Origine de l’œuvre d’art », alors qu’il s’agit du prime jaillissement opéré par l’œuvre d’art comme forme symbolique de l’œuvre humaine qu’est l’écoumène*. Le fait de prime-jaillir*, i. e. la trajection* de la réalité* avant toute abstraction* dualisante.
PRIME-JAILLIR v. i. Syn. de ek-sister* : deux siècles avant Descartes, la perspective a fait prime-jaillir le sujet* moderne comme forme symbolique.
PRINCIPE DE CÉZANNE n. m. Syn. de Principe de Xie Lingyun*. V. trajecter*.
PRINCIPE DE LA GROTTE DE PAN n. m. Par allusion à l’installation de la statue de Pan dans une grotte à Athènes après la victoire de Marathon, principe selon lequel l’idée de nature* est née en ville, non à la campagne et encore moins dans l’érème*. 
PRINCIPE DE MACHADO n. m. Par allusion au célèbre Caminante, no hay camino…, principe de la contingence* de l’évolution* et de l’histoire* : le sens* de l’évolution* se fait en évoluant, sur la base de l’acquis (al volver la vista atrás), c’est-à-dire en chaîne trajective* et non pas au hasard* ni selon quelque téléologie que ce soit.
PRINCIPE DE XIE LINGYUN n. m. Par allusion au premier poète paysager, principe selon lequel seuls les happy few de la classe de loisir (Veblen), à la différence des ploucs, savent voir l’environnement* en tant que* paysage*.
PRINCIPE DE ZONG BING n. m. Par allusion au Zhi yu shanshui, zhi you er qu ling至於山水、質有而趣霊 (Quant au paysage, tout en ayant substance, il tend vers l’esprit) de l’Introduction à la peinture de paysage, principe selon lequel le paysage* ne se limite pas à la substance de l’environnement, et qu’il la dépasse dans une mouvance* invisible : le principe de Zong Bing est une préfiguration de la trajectivité* des choses*.
PRINCIPE D’UEXKÜLL n. m. Principe de la cosmicité* selon laquelle, pire soit l’environnement*, meilleur est le milieu* (pessimale Umgebung, optimale Umwelt) pour l’être* dont c’est justement le milieu* :  les extrémophiles ne cessent de corroborer le principe d’Uexküll.
PRINCIPE DU MONT HOREB n. m. Par allusion à l’affirmation de la transcendance de l’ehyeh asher ehieh אהיה אשר אהיה → ἐγώ εἰμι ὁ ὤν [je suis l’étant] → sum qui sum → je suis celui qui suis) de Yahveh au Sinaï, sujet*-prédicat* de soi-même plus tard recyclé ad usum hominis par le cogito* cartésien, affirmation de la transcendance de la subjectité* moderne par rapport à son milieu*, conduisant en fin de compte le TOM* à l’acosmie* : à force de nous abstraire* de notre milieu, le principe du mont Horeb nous mène à l’extinction pure et simple ; nous devons donc le dépasser.   
PRISE n. f. Syn. prise écouménale, prise existentielle. Apparenté à l’affordance gibsonnienne. Instance particulière de la médiance*, à la fois active (ce que l’être* peut faire des choses* de son milieu*) et passive (les possibilités que lui offre son milieu). Cela en tant que* quoi les choses* d’un certain milieu* existent*. Se décline en quatre principales catégories ou prédicats : ressources, contraintes, risques et agréments. Selon l’être concerné et selon l’occasion, un même objet* (S*) peut exister* en tant que l’une ou l’autre de ces différentes prises (S/P*).   
QUART LEMME n. m. Suivant Yamauchi, dans le tétralemme*, cela doit être la biaffirmation*, à la fois A et non A, et non pas la binégation* (qui est donc chez lui le tiers lemme*). Appelé en mésologie le syllemme*, qui ouvre à tous les mondes possibles. Dans la réalité* ternaire* des milieux* concrets*, suivant l’interprète I*, un même donné S* existe* à la fois en tant que* P*, P’, P’’ etc. : incarnant le quart lemme, la même touffe d’herbe S existe concrètement à la fois en tant qu’aliment P pour la vache I, en tant qu’obstacle P’ pour la fourmi I’, et ainsi de suite.
RÉALITÉ n. f. Du point de vue objectal* qui est celui du POMC*, la réalité, c’est S* : la substance*, l’objet*. Du point de vue objectif qui est celui de la mésologie, la réalité, c’est la combinaison de S* et de P* dans l’assomption de S en tant que* P (qui est insubstantiel, aussi bien chez Aristote que chez Nishida), soit S/P*, et l’hypostase de S/P en S’, indéfiniment, dans la mouvance* des chaînes trajectives*. Correspond à la réalité empirique ou « réel voilé » chez d’Espagnat, le Réel non voilé mais inatteignable correspondant à S.
RECOUVRANCE n. f. Redécouverte, réappropriation et ménagement* des liens dont le TOM*, infatué par le principe du mont Horeb, s’était systématiquement coupé. Concept mésologique apparenté au convivialisme d’un Ivan Illich, aux relations de proximité d’un André Gorz, à la conscience du lieu d’un Alberto Magnaghi, à l’agronomie naturelle (shizen nôhô 自然農法) d’un Masanobu Fukuoka, à la permaculture, etc. : comme les marins priaient Notre-Dame-de-Recouvrance pour recouvrer (retrouver) la terre après un long voyage en mer, l’humanité aspire à recouvrer sa relation avec la Terre – l’écoumène*, la demeure humaine*.
RÉEL VOILÉ n. m. V. Réalité, Vérité.
r = S/P Formule de la réalité*, qui se lit : la réalité, c’est S* en tant que P*.
RELIGION n. f. Absolutisation de la parole – qui est intrinsèquement prédicative, puisque par définition elle dit quelque chose (P*) à propos de quelque chose (S*) –, par un bond mystique identifiant P à S, comme en témoigne exemplairement l’ouverture de l’évangile selon saint Jean : 1. Au commencement était P, la Parole (Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος) ; 2. et P était à propos de S, i.e. Dieu, la Substance* absolue (καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν) ; 3. et S était P (καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος).  C’est là, dans un génial raccourci, l’essence de ce qui se passe dans les chaînes trajectives*, où il y a – mais progressivement – hypostase* de P en S (et où, sans bond mystique*, à la différence de la religion, l’on ne peut jamais remonter jusqu’à S).
S représente le sujet* logique, la substance* sous-jacente où s’ancre lgS*, et qui est aussi l’objet* physique : le rapport sujet / prédicat* en logique correspond au rapport substance / accident en métaphysique. V. Onto-logique.
SCIENCE n. f. Recherche de S* : la science dissèque le monde* pour trouver la Terre* sous-jacente aux en-tant-que* mondains.
SCIENTISME n. m. Dévoiement de la science, confondant S/P* avec S*.
SENS n. m.  C’est indissociablement 1. une direction dans l’espace-temps (réalisée au niveau ontologique de la planète*, entité physico-chimique) ; 2. une sensation charnelle (perçue au niveau ontologique de la biosphère*, entité écologique) ; 3. une signification (conçue au niveau ontologique de l’écoumène*, entité éco-techno-symbolique). Autrement dit, loin du métabasisme de la French theory, le sens est un certain aller-avec* de la matière, de la vie et de l’esprit.
S-I-P représente la ternarité* concrète de toute trajection* de S* en tant que* P* : il y faut nécessairement un interprète I*, qui saisit S en tant que P. Cet I peut être humain ou non humain, voire un simple dispositif matériel comme dans l’expérience quantique d’où une même particule S va ek-sister* soit en tant qu’onde (P), soit en tant que corpuscule (P’), ce qui peut même se répercuter en chaînes analogues aux chaînes trajectives*,  les chaînes de von Neumann. 
S/P abrév. de « S* en tant que* P* ».
SOMATISATION n. f. Effet en retour, sur le corps animal*, du déploiement de son milieu*. Dans le cas de l’humain, cet effet – qui a gouverné l’évolution* de toute la biosphère*, et produit notamment Homo sapiens – en arrive aujourd’hui à un couplage dynamique de l’anthropocène et du transhumanisme. 
SUBJECTITÉ n. f. (en anglais subjecthood, en japonais shutaisei  主体性) Le fait d’être un sujet, pas un objet, et d’être donc capable de trajecter* l’environnement* (S*) selon ses propres prédicats (P*) : les milieux* supposent la subjectité du vivant, qui n’est jamais déterminé par une simple mécanique* de l’environnement*.
SUBSTANCE n. f. (du latin substantia, calqué sur le grec ὑπόστασις, « se-tenir-dessous »). Ce concept est issu de la même image que la notion de sujet* (du latin subjectum, calqué sur le grec ὑποκείμενον, « placé dessous »), d’où la correspondance des deux termes dans l’onto-logique* européenne, d’où sont issus le POMC* et le TOM* : l’individualisme* moderne se fonde sur la fiction d’une substance* transcendantale, issue du principe du mont Horeb* via le cogito* cartésien.
SUBSTANTIALITÉ n. f. Qualité de la substance*. En-soi de l’objet*. Correspond spatialement au topos*.
SUBSTANTIALISATION n. f. V. Hypostase.
SUJET n. m. V. S* : le sujet du logicien, c’est l’objet* du physicien, mais de par le substantialisme du POMC*, le sujet du psychologue, à savoir le cogito*, c’est aussi l’inverse de l’objet.
SUJET-PRÉDICAT n. m. V. Cogito, Principe du mont Horeb.
SYLLEMME (du grec συλλαμβάνω, prendre ensemble) Correspond au quart lemme du tétralemme* : comme le métabolisme au niveau ontologique de la biosphère* et à l’échelle* temporelle de l’évolution*, la métaphore, au niveau ontologique de l’écoumène* et à l’échelle temporelle de l’histoire*, relève du syllemme, qui ouvre à tous les possibles .
TECHNOSCIENCE n. f. Instance directrice de l’appareil* du POMC*, en particulier sous la forme de la phynance*.
TERNAIRE adj. Relevant de la ternarité* : un jugement concret est nécessairement ternaire.
TERNARITÉ n. f. Représentée par la formule S-I-P*, signifie que dans la concrescence* de tout milieu*,  la trajection* de la réalité* fait nécessairement intervenir trois termes : ce dont il s’agit (S*), ce en tant que quoi S existe* (P*), et l’être* pour lequel – ou la chose* en fonction de quoi – S existe en tant que P, i. e. l’interprète I. Cette ternarité est consubstantielle à la contingence* des milieux*, de l’évolution* et de l’histoire*, contingence qui s’oppose frontalement aux certitudes objectales*  du mécanicisme*, et à laquelle on peut aller jusqu’à chercher des analogies mathématiques dans le problème à trois corps. La réalité est a fortiori contingente dans la quasi-infinité des interactions possibles dans un milieu concret.
TERRE n. f. 1. La planète Sol III (en ce sens, Terre prend la majuscule). 2. Sol et fondement de toute expérience, origine de toute ek-sistence* (en pratique, c’est la Terre au sens 1, prenant donc aussi la majuscule) ; en ce sens, quasi synonyme de nature*, cela (S*) qui est trajecté* en tant que* quelque chose que ce soit (P*) : la Terre est cela d’où prime-jaillit* la réalité* de tout en-tant-que mondain*.
TERRITOIRE n. m. Instance de la Terre*, localisée à une certaine échelle*.
TERROIR n. m. Instance de la Terre*, localisée à une certaine échelle*.
TÉTRALEMME n. m. Yamauchi a montré que le tétralemme doit s’énoncer dans l’ordre suivant : 1. Affirmation (A) ; 2. Négation (non-A) ; 3. Binégation (ni A ni non-A) ; 4. Biaffirmation (à la fois A et non-A), où il inverse le tiers lemme* et le quart lemme* par rapport à l’ordre coutumier. En effet, placer en dernier la binégation ne mène à rien, tandis qu’y placer la biaffirmation ouvre à tous les possibles : pour la mésologie, dans la ternarité* de tout jugement concret*,  la réalité* relève du quart lemme, qui est permis par le tiers lemme – celui-là qui justement est exclu par le principe du tiers exclu*.
TIERS EXCLU n. m. Impossibilité théorique, dans le POMC*, d’être entre A et non-A, i. e. ni A ni non-A (tiers lemme*), ou  à la fois A et non-A (quart lemme*) ; d’où l’impossibilité pratique de prendre en compte les milieux* (NB : en anglais, « tiers exclu » se dit excluded middle). Le principe du tiers exclu n’est qu’une abstraction* logique, car dans un milieu concret*, la réalité* des  choses* relève nécessairement du tétralemme* : dans le Timée, le rationalisme platonicien a exclu de penser le « troisième et autre genre » (τρίτον ἄλλο γένος) de l’empreinte-matrice* qu’est la chôra*, laissée dans le domaine du rêve.
TIERS LEMME n. m. Binégation (ni A ni non-A) dans l’ordre du tétralemme * argumenté par Yamauchi. C’est le moyeu autour duquel peuvent tourner tous les possibles du quart lemme*, car la biaffirmation (S est à la fois P et P’) n’est possible que si ni S* ni P* n’existent* en soi (i.e. substantiellement) : concrètement, S n’existe qu’en tant que P, et P supposant S pour en être prédiqué, il n’existe pas non plus en soi : si la même herbe S peut être à la fois aliment P pour la vache I et obstacle P’ pour la fourmi I’, c’est parce que ni l’herbe, ni l’aliment, ni l’obstacle n’existent en soi, mais toujours dans la ternarité* S-I-P* d’un milieu* concret*.
TOM (to-me) Acronyme de « topos* ontologique moderne », jouant sur l’homonymie de tom et du radical tom- qui signifie « couper » en grec (comme dans lobotomie, atome etc.), et signifiant en même temps la forclusion* de notre corps médial* par l’individualisme* moderne et l’abstraction* corrélative des choses* en objets* par le dualisme* : le TOM s’est coupé de son corps médial*, d’où son manque-à-être* et son inextinguible besoin de consommation d’objets. 
TOPICITÉ n. f. Couplée dynamiquement à son inverse la chorésie*, qualité du topos* dans le rapport chôra/topos*. Correspond ontologiquement à la substantialité de S* : dans la mouvance* des milieux* concrets*, il n’y a de topicité que dans le rapport dynamique de l’ek-sistence* des choses*.
TOPOS n. m. (mot grec) V. chôra/topos. 
TRAJECTER v. i. et t. Accomplir une trajection. Syn. d’ek-sister* et de faire exister* : la touffe d’herbe S* trajecte en tant qu’aliment P* pour la vache I*. Cézanne trajecte la Sainte-Victoire en tant que* paysage*, mais pas les ploucs de la région, qui selon lui « ne l’ont jamais vue », i. e. jamais vue en tant que paysage, à la différence des happy few dont il fait partie, lui (et nous après lui, en chaîne trajective*).
TRAJECTIF, -VE adj. Relevant de la trajection : une chose* n’est ni seulement substantielle ni seulement relationnelle, elle est trajective.
TRAJECTIVEMENT adv. De manière trajective ; en chaîne trajective.
TRAJECTION n. f. 1. Va-et-vient de la réalité* entre les deux pôles théoriques du subjectif et de l’objectif : la réalité ne relève ni seulement de l’objet*, ni seulement du sujet* ;  relevant de la trajection des deux, elle est trajective. 2. Assomption de S* en tant que* P*, syn. d’ek-sistence* : au IVe siècle, en Chine, il y a eu trajection des eaux de la montagne (shanshui 山水) en tant que paysage (shanshui 山水).
TRAJECTIVITÉ n. f. 1. Syn. d’existence*. État des êtres* et des choses* qui ek-sistent* dans un milieu* concret*, corrélatif de leur médiance* et résultant d’une quasi-infinité de chaînes trajectives*. 2. Syn. de mouvance* : la « tension-vers » (qu ) du principe de Zong Bing* exprime le sentiment de la trajectivité des choses.
TRANSIENCE n. f. Échelle* temporelle de la réalité*, entre la subsistance de la substance* et l’impermanence de la pure relation*.
TRANSMODERNE adj. et n. m. À la différence du postmoderne*, qui n’était qu’une variante paroxystique du moderne*, le transmoderne (syn. : transmodernité) est le dépassement onto-logique* du POMC* par la trajection* lgS*/lgP*, i. e. par la mésologie* en tant que perspective générale sur la réalité* : la mésologie n’est pas seulement une écologie* phénoménologique ; visant au dépassement du POMC* par la recouvrance*, elle est onto-logiquement transmoderne.   
TRANSMODERNITÉ n. f. V. transmoderne.
TRAVAIL MÉDIAL n. m. Les services rendus à la fois par les écosystèmes et par la société au TOM*, mais que celui-ci forclôt* dans les externalités de l’individualisme* et du capitalisme* : le travail médial produit, entre autres, l’empreinte écologique de notre genre de vie.
TUE-PAYSAGE n. m. Traduction du shafengjing 殺風景 de Li Shangyin : le tue-paysage est l’aspect sensible de l’espace foutoir* et de l’acosmie* engendrés par le POMC*.
VÉRITÉ n. f. Pour la science*, adéquation relative de P* à S*. Pour la religion*, identité* absolue de S et de P. V. Voilement, Parole.
VOILEMENT n. m. Opération par laquelle, du point de vue de la science*, S* est caché par P* du fait de la mondanité*, et spécialement du fait de la religion*. À l’inverse, pour la religion, comme dans la Dicte (Dichtung) heideggérienne, identifier S à P est un dévoilement (ἀλήθεια), i.e. la vérité*.
VOIR-COMME n. m. Traduction du japonais mitate 見立て, correspondant à la métaphore vive chez Ricoeur : le voir-comme est une instance de l’en-tant-que écouménal*.
URSPRUNG (n. m. allemand) v. Prime jaillissement.
XIE LINGYUN Poète chinois. V. Principe de Xie Lingyun.
YAHVEH n. m. L’Être absolu que Moïse rencontre au sommet du mont Horeb (Exode, 3). V. Principe du mont Horeb, Phynance.
ZONG BING Peintre chinois. V. Principe de Zong Bing.

Palaiseau, le 23 août 2017.

Références
L’argumentation et le référencement de la terminologie ci-dessus ont été progressivement construits au fil du demi-millier d’articles et de la quarantaine d’ouvrages dont Augustin Berque a été l’auteur ou le directeur depuis 1964. Pour une introduction accessible et récente, on pourra lire son Là, sur les bords de l’Yvette. Dialogues mésologiques, Bastia, éditions éoliennes, 2017.

Courriel : berque@ehess.fr. Site : <http://mesologiques.fr>